DAIKICHI AMANO
CÉLINE BOUCHER
MARIE BRASSARD
ISABELLE CLERMONT
CYNTHIA DINAN-MITCHELL
VÉRONIQUE DOUCET
IAN GAMACHE
MASSIMO GUERRERA
KENRYO HARA
GROUPE HÉCATE
ÉRIC LADOUCEUR
ARKADI LAVOIE LACHAPELLE
MERYL MCMASTER
LYZANE POTVIN
SYLVIE SAINTE-MARIE
VICTORIA STANTON
ITO TARI
CAROLINE BOILEAU
MARIE BOURDAGES (MADY)
JULIE LASSONDE
BARAH HÉON-MORISSETTE
ANNE MASSICOTTE
FRANÇOIS-ALFRED MIGNAULT
NICOLE PANNETON
BAUDOIN WART
LISETTE YOSELEVITZ
Considéré comme l’un des artistes les plus importants de la scène artistique tokyoïte actuelle, celui qui s’autoproclame le nouveau Hokusai repousse les limites de l’étrange. La célèbre estampe Le Rêve de la femme du pêcheur (1814) de Katsushika Hokusai, qui aura marqué l’imaginaire collectif du peuple nippon depuis l’époque d’Edo, n’a jamais cessé de fasciner le photographe.
Obsédé par l’œuvre du maître, qui représente une femme enlacée par les tentacules de deux pieuvres (l’une embrassant l'un de ses seins tandis que l’autre pratique un cunnilingus), AMANO sera entraîné à explorer les thèmes de la voracité érotique et de l’animalité humaine, et à créer des mises en scène d’une beauté saisissante.
D’une perversité sublime, dérangeante et sans concession, ses œuvres sont à la fois crues, viscéralement sensuelles et morbides ; la viscosité de ces anguilles, poissons, insectes et poulpes qui se lovent aux corps nous prend littéralement aux entrailles.
À ORANGE sera présentée une sélection de quelques-unes des images de l’artiste qui évoquent des fantasmes terrifiants, cauchemardesques, scabreux et pénétrants. Ces images étranges, où la liquéfaction n'est plus un état mais un sentiment, où la viscosité et les grouillements de bestioles sur la peau s'emparent de notre imaginaire corporel (sensoriel), nous amènent au cœur même de la dichotomie attraction/répulsion.
NÉ À TOKYO EN 1973, OÙ IL VIT ET TRAVAILLE
Cette artiste interdisciplinaire utilise l’installation (dessins, objets et photographies), la vidéo et la performance pour examiner les connexions et les zones d’échanges possibles entre le corps et son environnement. Par des mises en relation fragiles de la médecine et de l’espace domestique, CAROLINE BOILEAU instaure des processus de cohabitation, de transformation et de transmutation en élargissant l’intention et l’attitude de prendre soin. Pour l’évènement ORANGE, elle alliera patates et ventouses médicales, aliments de base et remèdes maison, pour amorcer une réflexion sur les espaces poétiques, politiques et profondément humains situés entre le cru et le cuit. Les résidants de La Pocatière seront invités à la suivre et à interagir durant une série de déambulations dans la ville.
Par ses actions performatives, en se déplaçant de lieu en lieu, elle explorera la métamorphose de ces éléments simples en éléments « chargés ». Avec affection et en soignant les relations, elle compte élaborer des rituels où se mêlent préparation des aliments et soins du corps, réactions vives et exécution lente, espace domestique et espace médical, actions solitaires et gestes solidaires.
NÉE EN 1970 À MONTRÉAL OÙ ELLE VIT ET TRAVAILLE
En tant qu’artiste interdisciplinaire ayant une expérience élargie du mouvement dans des contextes d’actions performatives, d’interventions dans l’espace public, mais aussi dans une pratique quotidienne du tai-chi taoïste, CÉLINE BOUCHER s’intéresse aux mémoires du corps, à la pulsion d’origine d’un geste posé, d’une action quotidienne répétée, en lien avec ce qui personnalise nos choix, nos façons d’être au monde.
Ainsi, dans le contexte de ORANGE, elle remettra en question ce qui en apparence semble déterminer les différents liens que nous entretenons avec ce qui compose notre alimentation. En dehors des raisons économiques, du maintien d’une bonne santé, des considérations environnementales ou des intolérances à certains aliments, n’y a-t-il pas d’autres motivations, beaucoup plus enfouies dans la mémoire de nos viscères ? Quels sont les facteurs biologiques, affectifs, psychologiques ou autres qui interviennent dans l’évolution des habitudes alimentaires que nous adoptons tout au long de notre vie ?
Sensibilisée au végétarisme depuis plus de trente ans, Céline Boucher tentera de faire ressortir la valeur d’unicité contenue à l’intérieur d’un simple choix alimentaire. Elle actualisera des pratiques relationnelles en rencontrant des employé.e.s de certains magasins d’alimentation de Saint-Hyacinthe afin de tenter de faire resurgir ce qui est à l’origine de nos préférences culinaires, même si, souvent, nous ne nous rappelons plus sur quelles bases elles sont fondées.
NÉE EN 1958 À MANCHE D’ÉPÉE EN GASPÉSIE, VIT ENTRE L’AVENIR [CENTRE-DU-QUÉBEC] ET MONTRÉAL
Le parcours très singulier de MADY témoigne de la marginalité d’une enfant précoce, surdouée, dont l’intelligence ne trouvait pas sa place dans la société. C’est dans les enseignements des sagesses ancestrales, la spiritualité naturelle, archaïque et viscérale, le chamanisme, qu’elle a découvert une façon de se fondre à l’univers qui l’entoure. Fondamentalement, sa peinture résulte d’une médiation entre sa propre nature humaine et les esprits de la nature.
Mady retranscrit les espaces qui réunissent les mémoires ancestrales de tous les habitants du cosmos. Chaque tableau est une sorte d’akasha – en sanscrit, un lieu où la mémoire du monde est conservée. Réalisés aux doigts, à l’aide d’une peinture artisanale concoctée à partir d’un mélange d’huile et de pigments, ses tableaux transgressent le rituel même de fabrication du médium. Les « espèces d’espaces » intemporels et mnémoniques de Marie Bourdages amalgament passé, présent et futur.
Pour ORANGE, elle propose plusieurs tableaux récents, dont La constellation de la baleine, qui immergera le spectateur dans l’univers secret, abyssal et magique de ces merveilleuses créatures marines. L’exposition Les yeux dans l'eau, présentée au Centre d’art de Kamouraska, sera accompagnée d’une œuvre musicale de Marie Bourdages intitulée Tawa, où elle entremêle le chant des baleines à ses chants de gorge.
NÉE EN 1966 À BONAVENTURE EN GASPÉSIE, VIT ET TRAVAILLE À MONTRÉAL
Comédienne, metteure en scène et dramaturge, MARIE BRASSARD est une artiste polyvalente dont les créations sont à la limite du théâtre, de la poésie et de l’art performatif. Elle explore un art multimédia qui prend en compte le son autant que l’image, la parole et la gestuelle.
Nous ayant confié avoir été viscéralement marquée par l’œuvre de Joseph Beuys, elle est donc apparue toute désignée pour réactiver, adapter, mettre en scène et interpréter la performance Comment expliquer les tableaux à un lièvre mort.
Dans cette performance, réalisée le 26 novembre 1965 à la galerie Schmela, à Düsseldorf, Beuys est seul avec un lièvre mort dans la galerie alors que le public regarde l’action de trois heures de l’extérieur, par la fenêtre, la porte vitrée et sur un moniteur. Beuys trimbale ce lièvre à qui il murmure des choses inaudibles tout en lui montrant les tableaux accrochés aux murs.
L’artiste cherchait à démontrer que l’art est avant tout une chose qu’on ressent, qui se vit et qui ne s’explique pas. Les éléments distanciateurs auxquels il a recours évoquent l’inaccessibilité et l’éloignement du milieu intellectuel artistique. Pour Beuys, l’art devrait s’imbriquer à même le tissu social.
Dans le cadre de sa 5e édition, ORANGE souhaite rendre hommage à Beuys, figure de proue d’un art total, « viscéral », en commémorant les 50 ans de Comment expliquer les tableaux à un lièvre mort, performance qui a marqué le passage de l’art moderne à l’art contemporain.
NÉE À TROIS-RIVIÈRES EN 1960, VIT ET TRAVAILLE À MONTRÉAL
Animée par la sincérité et par la nécessité viscérale du geste communicatif, ISABELLE CLERMONT en explore toutes les dimensions sensibles.
Si le visuel et le sonore dominent ses recherches en création, elle n’en tente pas moins de créer une totalité envoûtante et enveloppante tant sur le plan « installatif » que performatif.
Pour ORANGE, Isabelle Clermont présente une œuvre immersive, intimiste, expérimentale, « totale », à travers laquelle le spectateur se sentira viscéralement interpelé, pour ne pas dire envoûté. Intitulée Viscérale communion/Blancheur du pain des anges, l’installation, qui remet en question les notions de communion, de nourriture partagée, d’offrande et de bénédiction (inspirée de l’hostie sacrée, symbole et métaphore par excellence du repas ritualisé), sera des plus conviviales.
Sculptée dans l’espace qui lui sera consacrée, cette œuvre sera spatialement configurée à l’aide d'hosties modelées une à une, suspendues au plafond et évoquant les structures architecturales d’églises ou de chapelles. Ces petits autels éphémères, enveloppés par une trame sonore, inviteront au recueillement. S’ajouteront à l’installation des dessins encrés et une vidéo d’art.
Que reste-t-il de nos croyances liées aux rites de l’offrande ? Où est donc passé le rituel autour de l’art de manger ? À l’occasion de l’ouverture officielle de ORANGE 2015 à Saint-Hyacinthe, l’artiste offrira une performance nous conviant à partager avec elle des nourritures spirituelles, sensuelles et émotionnelles.
NÉE EN 1979 À GRAND-MÈRE, VIT ET TRAVAILLE À TROIS-RIVIÈRES
CYNTHIA DINAN-MITCHELL crée des environnements excessifs et saturés où tout est soigneusement fabriqué à la main, du papier peint aux meubles, en passant par les bibelots. Elle ironise, prenant un malin plaisir à cultiver le flou où se confondent la mise en scène du décoratif et l’œuvre d’art en tant que telle. Ses installations nous interrogent : Qu’est-ce qui est décoratif, entendu comme art mineur ? Qu’est-ce qui est art plastique, perçu comme art majeur ?
Dans le contexte de LES VISCÉRAUX, l’artiste nous propose Eat Me Martha Stewart, une œuvre intime et immersive qu’elle qualifie de « cuisinée ». Tout en faisant l’étalage du savoir-faire et de l’art de dresser une table selon Martha Stewart, des motifs bleus raffinés (évoquant le bleu traditionnel employé pour la porcelaine japonaise) révèleront une imagerie inattendue, inquiétante et troublante, où l’humain sera tour à tour celui qui dévore les animaux et la proie de tout un bestiaire.
NÉE EN 1977 À QUÉBEC, OÙ ELLE VIT ET TRAVAILLE
Artiste multidisciplinaire, engagée et environnementaliste, VÉRONIQUE DOUCET s’est d’abord fait remarquer en 2005 avec son projet Aldermac plantation minière, qui a été à l’origine d'une grande victoire environnementale en Abitibi. ORANGE présente en primeur les premières pièces de l’œuvre sérielle « Dans les temps de tromperie universelle, dire la vérité devient un acte révolutionnaire. » (G. Orwell), où l’artiste s’interroge, à l’aide de matériaux recyclés ou bruts (œufs, nids d’oiseaux, graines, pommes, etc.), sur l’authenticité et la sincérité de cette prétention qu’a l’industrie agroalimentaire de vouloir sauver le monde de la faim et de la famine. Avec tous ces procédés artificiels, colorants, additifs, pesticides, stérilisants et OGM, avec tous ces « camouflages », peut-on prétendre vouloir développer une agriculture saine ? Afin de départager le vrai du faux et de dénoncer l’hypocrisie tentatrice des grands protagonistes de l’industrie agroalimentaire, l’artiste fera de la pomme son aliment de prédilection. Cette pomme qui, dans la Genèse, est offerte par la première femme au premier homme, ce « fruit défendu », associé au concept de « péché originel », qui provenait de l'arbre de la connaissance du bien et du mal planté au milieu du jardin d'Éden…
Avec cette œuvre au sous-texte féministe, Véronique Doucet questionne certains choix non éclairés de nos sociétés et s’interroge sur ce qu’il reste de pur et de naturel dans ce que nous consommons.
NÉE À ARTHABASKA EN 1973, VIT ET TRAVAILLE À ROUYN-NORANDA
Les œuvres d’IAN GAMACHE, qui d’emblée nous paraissent « naïves », n’en sont pas moins toujours imprégnées d’humour noir, de mots d’esprit, d’autodérision et de préoccupations d’ordre universel. La contamination, la pollution, la violence, la cruauté, la bestialité et l’inconscience sont des thèmes récurrents chez Gamache, dont le langage pictural revendique une expression subjective. Il renoue avec les traditions du néo-expressionnisme et du postmodernisme, avec la matérialité et la gestualité de la peinture. Ses supports sont essentiellement des matériaux issus de rebus, notamment des boîtes de carton déchirées, des sacs de papier kraft, des livres usagés, des objets de bois trouvés dans les ordures ou sur les bords des chemins de fer qui traversent Montréal.
Dans le cadre de ORANGE, Ian Gamache propose Garden of Earthly Delights, une œuvre immersive in situ qui a pour objet d’explorer la notion de faim et la lutte continuelle des humains pour y remédier. Dans ce « jardin des délices terrestres », la quête viscérale de nourriture répond autant à une nécessité vitale et physiologique qu’à celle existentielle de liberté et de paix.
NÉ EN 1977 À MACGREGOR AU MANITOBA, VIT ET TRAVAILLE À MONTRÉAL
Depuis 1991, la démarche de MASSIMO GUERRERA s’articule autour des rapports profonds que l’esprit et le corps entretiennent avec l’altérité, et des phénomènes qui nous traversent, nous habitent.
L’artiste a recours à différents médiums, tels que le dessin, l’écriture, la sculpture, la photographie, l’installation et la performance, pour travailler l’espace fertile de la rencontre et du déplacement intérieur, entre la présence partagée et la solitude de l’atelier. Intimiste et organique, cette pratique observe avec attention et vulnérabilité les modulations affectives qui se jouent entre l’être-ensemble et nos solitudes habitées.
Élaborant des espaces de rencontres et d’échanges, l’artiste s’inscrit dans une pratique de la performance pouvant être qualifiée de relationnelle, axée sur les possibilités offertes par l’expérience du corps et de l’esprit à travers la nourriture et les réflexions qu’elle suscite sur notre époque consumériste.
Dans le cadre de LES VISCÉRAUX, Massimo Guerrera a été invité à concevoir une œuvre immersive qui occupera intégralement les locaux d’EXPRESSION, Centre d’exposition de Saint-Hyacinthe. Intitulée Avec tous ceux et celles qui nous habitent, cette œuvre ouverte, sensuellement offerte, dont le déploiement se fera dans la mouvance et dans la temporalité tout au long de ORANGE 2015, invitera le public à faire l'expérience du corps et de ces nourritures essentielles à la condition humaine, dont celles mêmes de la création.
NÉ EN 1967 À ROME, VIT ET TRAVAILLE À MONTRÉAL
Chez KENRYO HARA, l’écriture, qui est une forme d’expression corporelle, ne se limite pas à des fins utilitaires, techniques ou pratiques. Écrire, c’est inscrire les traces d’un cheminement, d’une évolution, d’un développement personnel. L’énergie vitale et la psyché qui animent le corps du calligraphe constituent le moteur, la ressource et le sens de son travail, qui, essentiellement, nous communique sa « force de vie ». Maître de l’art calligraphique, il procède dans son travail à une sorte d’excavation des mémoires collectives et ancestrales du peuple japonais.
Les caractères anciens du Kodai-moji sont le véhicule principal des performances calligraphiques de Kenryo Hara dont émergent des œuvres monumentales qui témoignent du corps vivant, en action, en mouvement dans l’instant.
Le nom de famille de l’artiste, Hara, porte plusieurs significations en japonais, notamment « cerveau des viscères », « abdomen » (tant chez l’animal que chez l’humain) ou « source du jaillissement de la vie » ; l’artiste exploite les fondements ancestraux, voire génétiques, de cette énergie vitale qui lui fut singulièrement prédestinée.
Pour ORANGE, il exécutera des œuvres à partir de sinogrammes évoquant les concepts de nourriture, d’alimentation et de faim.
NÉ EN 1955 À MIE, VIT ET TRAVAILLE À TOKYO
En 2012, les deux artistes ont associé leur production en fondant le GROUPE HÉCATE, qui s’intéresse principalement aux potentialités dynamiques du dessin « comme mode d’expression primaire ». Pour ce duo, la pratique du dessin sert de prétexte à diverses recherches et explorations et se voit ainsi constamment renouvelée. Dans cette optique, elle fait figure de laboratoire, se conjuguant à diverses autres pratiques, notamment la peinture, la vidéo, l’art cybernétique et la performance.
Dans le cadre de ORANGE, le Groupe Hécate explorera le viscéral en présentant une œuvre-laboratoire intitulée Les Jardins, la mort d’Eurydice, qui traitera de jardins et de culture céréalière, de la nature nourricière dans sa dimension pleine et sacrée : un rite primordial entre la vie et la mort. L’œuvre évoquera la pollinisation sauvage comme stratégie de reproduction essentielle à notre survie. Les murs, constellés des dessins-peintures et dessins-empreintes en bas-relief de François Chalifour, trouveront leur prolongement au sol, investi par une installation de Diane Génier. Des carreaux de pousses d’herbe seront dispersés autour d’une sculpture-vivarium, laquelle aura vocation d’habitat, plus précisément de ruche où logera un essaim d’abeilles.
François Chalifour (né à Québec, vit à Saint-Bruno, travaille à Montréal et Gatineau)
Diane Génier (née à Chrysler en Ontario, vit et travaille à Gatineau)
Engagé dans une production multidisciplinaire (dessins, bas-reliefs, grandes frises enluminées, autoportraits grimaçants, cartes à collectionner, performances dans l’espace public), ÉRIC LADOUCEUR est un dénonciateur créatif, un empathique communicatif, un clown sacré, un ironique constructif.
Particulièrement inspiré par les activités de costumade depuis 2001, cet artiste versatile personnifie le capitaine Midas, inspiré du roi du même nom qui avait obtenu d’Apollon le pouvoir de transformer tout ce qu’il touchait en or. En super-héros, Éric Ladouceur s’introduit dans différents contextes publics (par exemple, les Jeux du Québec), initie des interventions qui suscitent des échanges, donnent lieu à des suites d’actions spontanées, festives, solidaires, voire agréablement subversives.
Pour ORANGE, au cours de ses déambulations, égayées par de courtes chansons puisées dans des publicités alimentaires et des chants traditionnels glorifiant la bouffe et la fête, le capitaine Midas partagera les pouvoirs de la carotte d’or, son aliment cuit et cru de prédilection. Le projet Midas Mélodies se déploiera grâce à des stratégies de rapprochement, de rassemblement et d’engagement, empruntant la forme de promenades aléatoires dans la ville de Saint-Hyacinthe à la rencontre de l’autre, d’actions participatives, de manœuvres, des tableaux vivants collectifs.
À nous d’en profiter pour créer de nouvelles perspectives face à notre condition d’humain qui un jour ou l’autre aura faim.
NÉ EN 1971 À JOUTEL EN ABITIBI, VIT À SAINTE-JULIENNE [LANAUDIÈRE] ET TRAVAILLE À MONTRÉAL, GATINEAU ET SAINT-JÉRÔME
JULIE LASSONDE est une artiste de la performance qui utilise le mouvement, la manipulation d’objets et les enregistrements sonores pour aborder des thèmes relatifs à la justice. Ayant déjà exploré les diverses unités de mesure en tant que système de limitation du corps et de l’espace, elle prolongera cette idée en l’associant aux effets de la nourriture sur les modifications du corps et les comportements appris dans une société où la standardisation est encouragée.
Pour ORANGE, Julie Lassonde explorera le contraste que nous vivons entre les malaises associés au corps et le plaisir de se nourrir. Durant ses déambulations, elle récoltera des témoignages de gens de la région de La Pocatière et les ajoutera à des enregistrements sonores associés aux actions à poser pour se nourrir telles que croquer dans une pomme, faire bouillir de l’eau et râper du fromage, par exemple. Ainsi, elle construira une performance originale mettant en relief les lois personnelles et environnantes qui régissent notre plaisir de manger et nos choix alimentaires en correspondance avec les effets que ceux-ci produisent sur notre corps.
NÉE À MONTRÉAL, VIT ET TRAVAILLE À TORONTO
Chaque communauté façonne ses énigmes. En donnant partiellement accès à leur monde, toutes les communautés cherchent, volontairement ou non, à être découvertes pour leurs singularités propres, qu’il s’agisse de leurs préoccupations, désirs, connaissances, engagements ou de leurs individus. Accueillantes ou hermétiques, leurs prises de position offrent un miroir important de la relation d’une communauté avec les normes de la société dans laquelle elle s’inscrit, diversifiant ainsi l’interprétation des impacts du contrat social sur l’expérience humaine.
ARKADI LAVOIE LACHAPELLE s’introduit dans ces univers énigmatiques. Elle traverse les apparences, éclaire l’ordre des choses pour s’investir dans un art vivant, un art de la rencontre, du faire ensemble, du voir autrement. Pour ORANGE, cette artiste émergente prendra comme sentinelles les gestes posés par des employé.e.s de certaines industries agroalimentaires de la région. Ces gestes sont-ils dénués de sens parce qu’ils ont une fonction de productivité à la chaîne ? Qu’en est-il des motivations personnelles sous-entendues par ces actions ? Et si, sous ces airs de robotisation, pouvait émerger une façon de prendre soin de ce que nous mangeons ? De quelle marge de manœuvre s’agit-il ici ? Transformation de nourriture, de soi, de l’autre… Est-ce possible de revenir à l’état cru lorsqu’on a été cuit ?
NÉE EN 1989 À L’ASSOMPTION, VIT ET TRAVAILLE À MONTRÉAL
Pour la peintre et sculpteure ANNE MASSICOTTE, l’art est intimement lié à l’humain, à son engagement social et à ses choix par rapport à l’environnement. Fondatrice de l’Association culturelle du Sud-Ouest (ACSO), entre 1996 et 2008, Anne Massicotte a travaillé sur plusieurs projets de médiation culturelle, notamment des ateliers de création et des expositions, favorisant les rencontres entre artistes et publics de tous âges.
L’artiste privilégie une approche purement viscérale qui lui permet de mieux appréhender l’environnement en se glissant dans la peau d’animaux sauvages. Amorcée en 1992, la série intitulée Un bestiaire à notre image, qui comprend maintenant plus d’une quarantaine de masques animaliers aux dimensions impressionnantes, progresse toujours.
Fabriqués à l’aide de matériaux récupérés — ossements, bois flotté, plumes, etc. —, ses masques se déclinent en trois familles d’animaux : ceux du passé ancestral, ceux qui symbolisent notre présent et ceux qui évoquent ou nous annoncent le futur. Les couleurs vibrantes et fauves de ces animaux totémiques (corbeau, buffle, bélier, loup, cheval, etc.) retrouvent toute leur vitalité dans des œuvres picturales, installatives et narratives.
L’installation Le rituel amoureux des saumons, le polyptyque Le rituel de la passion du cheval ainsi qu’une dizaine de masques d’Anne Massicotte feront partie de l’exposition VRAI ou FAUVE (en duo avec l’artiste Baudoin Wart), présentée à la Maison culturelle Armand-Vaillancourt à Saint-André-de-Kamouraska.
NÉE EN 1959 À MONTRÉAL, OÙ ELLE VIT ET TRAVAILLE
Née d’une mère d’origine écossaise et d’un père autochtone (nation crie), MERYL MCMASTER explore les richesses et les paradoxes de son éducation métissée. Ce sont les notions de racines, d’origines identitaires et de mixité culturelle qui font viscéralement voyager cette artiste photographe. Les mouvements pacifistes comme la marche Idle No More, visant la reconnaissance et la réappropriation des droits fondamentaux des peuples autochtones du Canada, ont marqué le début de sa carrière.
Les huit œuvres de Meryl McMaster présentées dans le cadre de ORANGE sont tirées de sa série In-Between Worlds, qui regroupe 21 photographies réalisées au cours de 2013. Entre le rêve et la réalité, entre divers mondes, ces moments poétiques et hors de l’ordinaire sont des tentatives visant à dénouer les notions d’identité et de subjectivité, lesquelles sont toujours en mouvement et jamais des finalités.
Si l’artiste exploite la spontanéité du médium photographique, sa production n’en résulte pas moins d’une recherche tant performative que plastique : elle crée des accessoires talismaniques, confectionne des vêtements de papier, de plumes et d’étoffes — autant d’extensions sculpturales du corps — et met en scène des images où elle danse en s’abandonnant au vent, se fond à la nature dans une stratégie de résistance où la beauté triomphe.
Introspective et onirique, l’œuvre de Meryl McMaster nous transporte entre son imaginaire et sa réalité, porte en elle une résilience ancestrale et témoigne de cette force biculturelle, multicolore et singulière dont l’artiste a hérité.
NÉE EN 1988 EN ONTARIO, VIT ET TRAVAILLE À OTTAWA
Multidisciplinaire et autodidacte, MIGNAULT est à la fois performeur, peintre, souffleur de verre et sculpteur. La temporalité est un feu qui l’anime et qui, selon ses propres dires, « le consume viscéralement ». Le verre, matière malléable, transparente, qui peut renfermer le temps et refléter la lumière, donne lieu à la création de pièces, de vases communicants, d’assemblages fusionnels, où s’écoule le sable ou l’eau.
Dans le cadre de LES VISCÉRAUX, François-Alfred Mignault a été invité à concevoir une installation dans la salle principale d’exposition du Musée François-Pilote, à La Pocatière. Intitulée Analème, l’œuvre est constituée d’objets de mesure du temps sculptés au chalumeau (sabliers, clepsydres, cadrans solaires, etc.), suspendus au plafond, et d’une pièce centrale, au sol, en forme de ∞, ce qui correspond au tracé phénoménal des déplacements du soleil, de l’analème. Si, chaque jour, à la même heure, tout au long d’une année, nous relevions photographiquement la position précise du soleil, nous obtiendrions ce tracé, qui est aussi le symbole de l’infini.
Avec cette œuvre fusionnelle, interactive et ludique, François-Alfred Mignault nous convie à entrer dans la durée car « la notion du temps n’est pas un objet de notre savoir mais une dimension de notre être » (Maurice Merleau-Ponty).
NÉ À LAVAL EN 1961, VIT ET TRAVAILLE À MONTRÉAL
Cette artiste émergente, aux pratiques hybrides, a développé une utilisation inusitée du dispositif SICMAP (Système Interactif de Captation du Mouvement en Art Performatif), rendant possible la construction d’une œuvre interactive et immersive dont l’élément central est le corps de l’artiste en action. En effet, le corps de BARAH HÉON-MORISSETTE devient, en temps réel, le déclencheur de multiples combinaisons d’éléments sensitifs et perceptifs où les sons électroacoustiques, le geste et la vidéo se rassemblent, apportant un flot incessant de variations à une œuvre dont les espaces technologique et physique se transforment en un univers habité et en constante mutation.
Pour ORANGE, l’artiste nous offre une œuvre inédite dont les sonorités se réfèrent aux mots cuit et cru, et dont la composition globale est guidée par la mémoire corporelle de l’artiste qui a elle-même vécu des situations graves d’intolérance alimentaire. Alors que son système technologique SICMAP a souvent été utilisé dans des salles ou dans des contextes traditionnels de représentation, l’artiste a l’intention d’en offrir une version portative adaptée à une déambulation sonore au cœur de la ville de La Pocatière, ainsi qu’une mise en action plus complète qui nous fera découvrir des rapprochements entre toxicité et viscéralité.
NÉE EN 1979 À MONTRÉAL, OÙ ELLE VIT ET TRAVAILLE
Quelle que soit la production artistique de NICOLE PANNETON (installation, photo, dessin), le rituel au quotidien, les notions de répétition, d’accumulation, de récupération ainsi que les processus de dévoilement y sont récurrents. Reconnue pour ses installations utilisant la fibre textile sous diverses formes, Nicole Panneton s’investit également dans l’espace public par une pratique relationnelle à caractère infiltrant, dans un contexte de déambulation urbaine (Contenant furtif, 2013 et 2014, et Sonder la Track, 2013 et 2015) ou de médiation culturelle à caractère élargi (Des mailles et des mots, 2014 et 2015).
En ces temps incertains où l’économie a trop à voir dans l’obtention de notre pain quotidien, Nicole Panneton propose, pour le volet art performance en mini-résidence, un projet participatif, interactif et ludique autour de la fabrication d’une soupe utopique qui nourrit autrement…
Toujours préoccupée par la précarité matérielle et humaine, cette artiste a choisi, pour ses déambulations dans l’espace rural de La Pocatière, la « confection » d’une soupe, aux ingrédients inusités, qui nous fera ressentir le lien viscéral nous reliant à une humanité profonde, demeurée bien vivante en nous.
NÉE EN 1953 À MONTRÉAL, OÙ ELLE VIT ET TRAVAILLE
Depuis plusieurs années, LYZANE POTVIN s’intéresse à la vulnérabilité et à la violence la plus extrême chez l’être humain. Corrosive, son œuvre découle de cet univers explosif et sans concession qu’elle porte en elle.
Dans ses autoportraits, qui consistent en des mises en scène tragiques, à la fois fragiles et crues, voire brutales, l’artiste interroge la voracité de ces psychopathes et tueurs en série qui parfois vont jusqu’à dévorer la chair de leurs proies.
Ayant recours à différentes techniques, dont certaines insolites comme le chalumeau, elle peint à l’huile les corps meurtris et les âmes avides, « détruit » et transforme les textures et couleurs de ses tableaux.
Dans le cadre de ORANGE, cinq tableaux de Lyzane Potvin ont été sélectionnés parmi deux séries de grands formats. La première, intitulée J’ai tué Ted Bundy, a fait l’objet d’une exposition individuelle à Paris l’hiver dernier. La seconde, inédite et intitulée Mes Abysses, plonge davantage dans les profondeurs tourmentées et les horreurs de l’âme humaine.
Les œuvres de Lyzane Potvin sont accompagnées du documentaire La cafardeuse, réalisé par Yves Martel, qui y trace un portrait de l’artiste. Ce court métrage figurait au programme de l’édition 2015 des Rendez-vous du cinéma québécois.
NÉE AU LAC-SAINT-JEAN EN 1977, VIT ET TRAVAILLE À MONTRÉAL ET PARIS
Les œuvres humanistes de SYLVIE SAINTE-MARIE s’imprègnent de bienveillance, d’inquiétude, de résistance et surtout de cette résilience face à la précarité, à l’exploitation, à l’instrumentalisation et à la chosification des plus démunis. La famine, qui tient du crime organisé, « cette faim du monde » dont on n’entend jamais parler, cette faim extrême doit assurément être crue, sa représentation aussi.
Chez cette artiste, pour qui l’emploi de matériaux « pauvres », pillés à même la nature ou parmi ces trésors qui dans l’insouciance ont abouti aux ordures, tout « reste » se mérite une seconde vie, une vocation renouvelée, celle d’objet d’art.
L’arte povera (art pauvre) de Sylvie Ste-Marie, qui ressuscite la noblesse des matières brutes (comme le coton et le lin usés, les ossements, les pierres et les coquillages), témoigne de cette conscience et de cette attitude engagée qui défient le marché de l’art et la société de consommation.
Les œuvres sélectionnées parmi les séries Le Cri et Memoriam, constituées d’assemblages de bois sculptés ou gravés, de dessins sur morceaux de tissus, d’ustensiles, etc., sont ce qu’elle appelle de minuscules galets lancés dans l’océan sordide du silence entourant la famine dans le monde.
NÉE À MONTRÉAL EN 1957, OÙ ELLE VIT ET TRAVAILLE
VICTORIA STANTON est une des pionnières des pratiques transactionnelles au Québec. Ses œuvres interdisciplinaires (interventions, actions et conférences performatives, publications, photos, films, vidéos) visent à souligner les aspects complexes d’une transaction et les vertus transformatrices des modes relationnels. Artiste-chercheure, elle s’intéresse également au phénomène de l’entre-espace, soit l’intervalle « entre soi » et l’architecture, l’objet, le lieu, l’autre, dans une optique élargie de la géographie humaine.
En continuité avec ses nombreux projets reliés à la nourriture, notamment Cake Feeding (2001-2008)et Essen (2003-2007, qui ont été réalisés au Québec, au Canada et à l’étranger, elle projette, pour le volet art performance en résidence de ORANGE, de créer des communautés momentanées grâce à des gestes posés au cœur du quotidien. Un peu à la manière de l’artiste Iwona Majdan (The Dinner Project), elle créera un espace d’intimité et de vulnérabilité en entrant dans les cuisines de certains habitants de Saint-Hyacinthe. Elle les accompagnera au marché et préparera, dans leur propre maison, leur repas préféré. Son projet gravite autour d’attitudes, de positionnements, de comportements liés à notre relation à l’alimentaire, à l’hospitalité et à la satiété.
NÉE EN 1970 À MONTRÉAL, OÙ ELLE VIT ET TRAVAILLE
Pionnière de l’art performance au Japon, ITO TARI joue, depuis près de 35 ans, un rôle de premier plan dans le soutien aux initiatives artistiques féministes. Artiste activiste et socialement engagée, elle dénonce les aberrations, les préjugés et les aveuglements de l’humain « conditionné » depuis des millénaires.
ORANGE présente l’œuvre I guess it’s better that radiation doesn’t have color’……Sigh (Je suppose qu'il vaut mieux que les radiations n'aient pas de couleur ...... soupir), qui fait référence à l’accident nucléaire survenu à Fukushima le 11 mars 2011, dans la foulée du tsunami qui a dévasté la région. Dans cette œuvre vidéographique et performative, Ito Tari exprime l’inquiétude qui s’est depuis emparée d’elle, alors qu’elle vivait dans la préfecture de Miyagi, à 65 km de Fukushima, où elle vit encore.
Son amie, la céramiste Megumi Aida qui habite à Fukushima, lui raconte, en juillet 2011, qu’elle aurait bien aimé que ces radiations soient visibles, pour pouvoir les détecter. Quelques mois plus tard, elle se ravise et lui confie que c’était probablement une bonne chose qu’elles soient incolores. Megumi a choisi de rester à Fukushima, où elle possède un pâturage depuis trente ans.
Directement inspirée par le témoignage de Megumi, cette œuvre d’art vidéographique et performative raconte la profonde et paradoxale souffrance qui tourmente les gens de Fukushima, soudainement chassés de leurs maisons, acculés au fait d’avoir à prendre des décisions, dans un climat d’urgence, qui auront un impact sur toutes leurs actions, leur vie quotidienne et qui, souvent, les mèneront à l’exil.
NÉE À KOGANEI EN 1951, VIT ET TRAVAILLE À KOGANEI, TOKYO
Chez cet artiste pluridisciplinaire qui revendique un art fondé sur l’instinct et la pensée sauvage, la peinture est une manière de se connecter à ce qu’il y a de plus viscéral, obscur et impénétrable en lui.
Organisées spontanément, ses œuvres transforment l’acte de création en une ardeur de vie retrouvée. À la manière de l’écriture automatique, pinceaux, crayons et spatules sont les extensions opératoires de soudaines inspirations. Ces illuminations qui donnent lieu à des formes, à des textures et à des couleurs se détournent de la concrétude de tout référent au profit du symbolique, du magique et de l’expression pulsionnelle d’impressions intangibles.
Ses tableaux présentés à la Maison culturelle Armand-Vaillancourt, à Saint-André-de-Kamouraska dans le cadre de l’exposition VRAI ou FAUVE, témoigneront du cheminement inclassable, voire « indiscipliné », de cet artiste chez qui la constance est essentiellement le renouvellement.
Pour LES VISCÉRAUX, nous avons convié BAUDOIN WART à réactualiser une performance qui, au cours des années 1980, avait suscité un grand émoi chez les spectateurs. Plusieurs en avaient réclamé la reprise. OM−LET (laissez l’homme être), consistait en une sorte de rituel « multimédiatique » (danse, vidéo, installation) qui anticipait cette « condition humaine » nous affligeant plus que jamais aujourd’hui, comparable à celle des « poulets », et dont le vécu se résume à toutes sortes de manipulations, de gavages (médias d’information, marchés de consommation) et de contraintes spatiotemporelles.
NÉ EN 1960 À CÔTEAU-DU-LAC, VIT ET TRAVAILLE À MONTRÉAL
Issue d’une famille aux origines juives, ayant baigné dans la culture catholique mexicaine et la société québécoise, LYSETTE YOSELEVITZ a toujours inscrit la question de l’identité au cœur de ses préoccupations.
Chez cette artiste qui maîtrise également les médiums traditionnels — notamment l’estampe, la gravure et la sculpture tant figurative qu’abstraite —, le recours à l’art vidéographique a semblé mieux répondre à son exploration d’un espace mnémonique nourri par le métissage déroutant des cultures qui la traversent.
Ayant vécu le deuil de son père, l’exil et tout le processus d’immigration au Québec, elle trouve dans la création une sorte d’exutoire à tous ces déracinements.
Dans le cadre de LES VISCÉRAUX, elle présente cette saisissante vidéo intitulée Écorces, qui montre une action performative captée devant l’hôpital où son père est décédé. Évoquant le bortsch, pot-au-feu traditionnel d’Europe de l’Est, qui a été le premier mets que ses parents lui ont enseigné à cuisiner et le préféré de son père, Lysette Yoselevitz exprime une souffrance qu’elle aimerait bien effacer, mais qui, l’entachant bien malgré elle, persiste.
NÉE EN 1972 À MEXICO, VIT ET TRAVAILLE À MONTRÉAL